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Photo du rédacteurJacques Myard

ALLOCUTION POUR LA REMISE DU PRIX COCTEAU- MAISONS-LAFFITTEA PERRINE TRIPIERPOUR SON LIVRE"LES GUERRES PRÉCIEUSES"AU CHATEAU DE MAISONS-LAFFITTE,LE 31 MAI .

Madame,


C’est un honneur pour moi de vous accueillir dans ce château, dont l’histoire et celle de notre pays, de la Nation.



Il connut beaucoup de régimes politiques qui sont tous passés dans le tumulte des événements, un régime chassant le précédent mais une seule identité perdure, c’est celle de l’esprit.


C’est l’esprit qui porte la culture, la culture est notre ADN. Nous sommes culture, une culture héritée d’une longue lignée d’aïeux, mais une culture qui nous guide, nous construit pour demain, après-demain, pour maîtriser notre destin.




Si je me suis engagé en politique, mon engagement est culturel.

Je vis en moi-même la culture de la Nation.


La France est une nation culturelle. Forgée par l’histoire à coups d’épée, forte d’un bonheur démographique fécond mais sa force réelle, sa puissance, c’est son esprit, sa culture.



Lorsque le Général de Gaulle affirme qu’il s’est toujours fait "une certaine idée de la France", il la conçoit avec une âme « telle la princesse des contes ou la madone aux fresques des murs ».


Un ami et collègue ambassadeur de France à Washington me disait :

« n’oublie pas, Jacques, que vu des États-Unis, la France est une hyper puissance culturelle. »


La culture, c’est sa puissance son prestige d’influence.


Madame, vous êtes originaire de Saint Julien en Haute-Vienne, province du très riche Limousin qui a donné tant de présidents et de papes à la France, le Limousin, une vieille terre féconde du travail des hommes. Vous enseignez dans un lycée en Bretagne.



J’ai lu avec grand intérêt, votre livre, « les guerres précieuses ». Il m’a saisi, conquis.


Je cite souvent Voltaire - un ami personnel de très longue date, plus de 30 ans ! qui habitait ce château - il a même failli y mettre le feu.


Voltaire disait que les meilleurs livres sont ceux dont le lecteur écrit la moitié.


Nous avons tous, du moins je l’espère, une maison où nous avons passé notre enfance avec la famille, les sœurs, les frères, les cousins, voire la grand-tante Babel qui parcourut le monde, connut les Princes des dynasties éteintes déchues, divorça trois fois et connut de très nombreux coquins...


La  « Maison » envoûte le lecteur, Isadora l’habite, l’anime, la fait vivre, grâce à votre style unique d’écrivain.


« Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer? » (Lamartine)


La Maison a des pouvoirs magiques. Elle subjugue, dévore Isadora, brûle son âme. Isadora doit fuir :


« Je suis partie. Je suis partie parce que la maison voulait me tuer. »


C’est l’hospice où Isadora ne conserve qu’un trousseau de clés de la Maison. Elle demande à l’infirmière de lui trouver le numéro de téléphone de Klaus et de Louise Aberfletch qu’elle n’a pas appelés depuis des années, elle veut parler avec eux de la Maison.


Madame, votre prose est envoûtante.


Vous avez su au gré des quatre saisons d’écrire les sentiments de votre héroïne - sans doute les vôtres en fait, sentiments d’une très grande volupté, d’une tendresse colorée, d’une sensibilité féminine qui rappelle Colette.


Colette, comme votre héroïne, s’inspire de son enfance vécue pour écrire. La nature est omniprésente chez Colette, comme chez vous.


Je ne saurais terminer mon bref propos sans saluer votre maîtrise de la langue française.


Au moment où les élites françaises se vautrent dans le globish , jusqu’au plus haut niveau de l’État, vous illustrez et défendez notre langue avec brio et gloire.


Je dis bien Gloire pour reprendre les mots merveilleux d’Albert Camus à Tipasa, face à la beauté éclatante de la Méditerranée, Mare Nostrum :


«J’ai compris ici ce qu’on appelle Gloire, le droit d’aimer sans mesure. »



Merci, Madame, de nous permettre d’aimer notre langue sans mesure.




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